Le Grand Jour de Sa Colère

John Martin, 1851-53

Dossier d’analyse réalisé et rédigé par Zoé Lhomme Eap et Amandine Bardière

Introduction

Nous avons ici une représentation de l’œuvre de John Martin intitulée Le Grand Jour de Sa Colère (The Great Day of His Wrath). John Martin est un artiste britannique faisant partie du mouvement romantique du 19ème siècle. Il est notamment connu pour ses gravures et peintures dotées d’une esthétique du Sublime associant diverses représentations bibliques.

Nous nous demanderons alors en quoi la vision apocalyptique de l’œuvre Le Grand Jour de Sa Colère de John Martin illustre sa vision du bouleversement sociétal de l’Angleterre ?

I – Le Grand Jour de Sa Colère, ou l’Apocalypse cauchemardesque retravaillée par John Martin d’un trait théâtral.

a) Un tableau de grande ampleur

John Martin, Le grand jour de sa colère, 1851-1853, 1,965 x 3,032 m, Tate
Britain Museum, Londres

Le Grand Jour de Sa Colère est une huile sur toile exécutée entre 1851 et 53, cette œuvre est conservée au Tate Britain Museum.

Son format est celui d’une peinture d’histoire d’1,965 x 3,032m.

Elle fait partie d’un triptyque du nom de Jugement Dernier avec comme œuvres complémentaires : Le Jugement Dernier et les Plaines du Paradis dont nous ne connaissons pas l’ordre de création.

John Martin, Le jugement dernier, 1853, 3,258 x 1,968 m, Tate Britain
Museum, Londres
John Martin, Les plaines du paradis, 1853, 3,067 x 1,988 m, Tate Britain
Museum, Londres

On y observe au premier plan des personnes dans tombant dans une grande brèche au sol, au second plan des montagnes et toute une ville qui s’effondrent tandis qu’au dernier plan on voit une éruption volcanique.

b) Une nouvelle vision de l’Apocalypse (Bible verset 17 chap 6 de l’Apocalypse)

John Martin réinvente le chapitre 6 du verset 17 de l’Apocalypse du Nouveau Testament. Sa représentation donne une vision de l’ultime catastrophe qui suit l’ouverture du sixième sceau. Certains diront que John Martin s’est inspiré de l’ouvrage d’Isaac Newton sur

l’Apocalypse dans la  2ème partie, où il écrit sur l’ouverture du 6ème sceau au début du règne de L’Église sur le monde païen par la victoire de Constantin sur Licinius. (Sir Isaac Newton’s Daniel and the Apocalypse (1733)

Cependant il ne va pas montrer Dieu comme bon mais comme un père vengeur et menaçant d’autant plus qu’il ne le personnifie pas, Dieu est représenté ici par ses actions uniquement.

«  Je regardai, quand il ouvrit le sixième sceau ; et il y eut un grand tremblement de terre, le soleil devint noir comme un sac de crin, la lune entière devint comme du sang, [et les étoiles du ciel tombèrent sur la terre, comme lorsqu’un figuier secoué par un vent violent jette ses figues vertes. Le ciel se retira comme un livre qu’on roule ; et toutes les montagnes et les îles furent remuées de leurs places. Les rois de la terre, les grands, les chefs militaires, les riches, les puissants, tous les esclaves et les hommes libres, se cachèrent dans les cavernes et dans les rochers des montagnes. Et ils disaient aux montagnes et aux rochers : Tombez sur nous, et cachez-nous devant la face de celui qui est assis sur le trône, et devant la colère de l’agneau ; Car le grand jour de sa colère est venu, et qui peut subsister ? »

Chapitre 6 du verset 17 de l’Apocalypse du Nouveau Testament

Donc son œuvre représente la Fin, le moment de vérité où la totalité de l’espèce humaine, incluant les prophètes, artistes dont Dürer et Michelangelo, écrivains, scientifiques tels que Newton et Watt & philosophes doivent être submergés.

La ville sombrant dans le vide n’est autre que Edimbourg en proie à la ruine et la destruction du fait de son effondrement industriel. On la reconnaît grâce à la loge royale et la batterie de Castle Rock au sommet de la montagne ainsi que Canton Hill avec la chute de ses monuments historiques dans l’avalanche.

c) L’angoisse et le désespoir d’une immensité perdue

John Martin, La chute des Anges Rebelles, 1823-1827,
gravure illustrant le roman Le Paradis Perdu de John
Milton
John Martin, La chute de Babylone, 1835, gravure

L’ensemble de l’œuvre entre dans une dimension fantastique : l’artiste nous plonge dans son imaginaire. Le premier élément que l’on voit est l’ensemble des corps agonisant, en plein désespoir devant leur mort inévitable. Les corps que l’on discerne se précipitent dans le vide dans des mouvements théâtraux similaires aux corps présents dans son œuvre La Destruction de Babylone ainsi que dans La Chute des Anges Rebelles ; et les autres, se confondent dans la roche des montagnes au fur et à mesure que l’on s’éloigne vers le second plan. On peut comparer ce précipice au Léviathan, personnification du Chaos, ouvrant sa gueule pour y piéger les damnés.

John Martin construit son espace en le restreignant par deux rangées de montagnes positionnées de part et d’autre de la toile. Donnant ainsi au spectateur le sentiment d’être à l’étroit ainsi qu’une impression d’étouffement. Elles cadrent le tableau et donnent l’axe des lignes de fuites. On retrouve donc le point de fuite au centre de ce gouffre sans fond, un vide froid synonyme d’abîme. On peut supposer qu’il représente le passage menant aux enfers : le Styx, qui conduit les âmes dans l’oubli (oblivion en anglais). De plus, le spectateur, du fait de la grandeur de l’œuvre et de sa continuité hors-champs, se retrouve face à ce vide.

L’éclair déchirant le ciel donne lieu à un éclat de lumière en fond, où celui-ci est bouché voir inexistant à cause des montagne qui s’effondrent. On discerne à peine le volcan en éruption et la lune rouge en arrière plan à cause de la fumée. Le contraste entre la lumière venant de partout autour du centre de la toile et de l’espace sombre, quasiment noir, présent entre les montagnes renforce le côté terrifiant du tableau.

John Martin, Bridge of chaos (Paradise Lost), 1824-1826

Le vide noir, semblable aux ténèbres extérieures de sa compilation de gravures Paradise Lost est l’élément central de l’œuvre véritable. C’est le cœur de la tempête où toute création, tout ce qui compte, humains et architectures sont des traits crème, mauve et écarlate qui semblent n’être qu’une avalanche de cendres et de poussière disparaissant telle l’antimatière revenant au stade de ce qu’elle était avec que le temps ne commence. On peut aussi noter que sa touche est lisse, semblable aux artistes du Classicisme.

II – John Martin et l’Angleterre, tous deux destinés au chaos.

a) Un artiste populaire : la vogue martinienne

John Martin, Le grand jour de sa colère, 1851-1853, 1,965 x 3,032 m, Tate
Britain Museum, Londres

Dans son éducation John Martin a appris à lier tout ce qu’il voyait et expérimentait à des faits résultant de la Bible. C’est pourquoi il travailla tout le long de sa vie sur des thèmes bibliques.

C’est le peintre des romantiques car par le biais de l’attrait envers l’exotisme oriental qui appelle le gigantesque il réalise cet orientalisme romantique. Les colères bibliques permettent d’assouvir un goût des ruines et l’appétit des catastrophes.

Il est donc vu comme « le peintre des poètes » explique Gustave Planche. Théophile Gautier écrit au sujet de l’œuvre Le Festin de Balthazar

« une ode architecturale pleine de lyrisme, avec des strophes de porphyre et de jaspe, et dont chaque vers est une superposition de Babels… »

article de 1837, Le Festin de Balthazar
John Martin, Le festin de Balthazar, 1827, collection
privée

Sainte-Beuve et Victor Hugo sont aussi inspirés par John Martin. On peut le voir avec la Première pièce des Orientales « Le Feu du Ciel » qui pourrait illustrer l’Oeuvre de Martin.

La voyez-vous passer, la nuée au flanc noir ?
Tantôt pâle, tantôt rouge et splendide à voir,
Morne comme un été stérile ?
On croit voir à la fois, sur le vent de la nuit,
Fuir toute la fumée ardente et tout le bruit
De l’embrasement d’une ville.

D’où vient-elle ? des cieux, de la mer ou des monts ?
Est-ce le char de feu qui porte les démons
À quelque planète prochaine ?
Ô terreur ! de son sein, chaos mystérieux,
D’où vient que par moments un éclair furieux
Comme un long serpent se déchaîne ?”

Victor Hugo (1802-1885), Les orientales, 1829

Aussi, le musicien Berlioz compose sur ses œuvres, sa musique rappelle Babylone, les merveilles de Ninive tels que nous les voyons sur tableaux de John Martin.

John Martin s’inscrit dans la continuité des paysages ambitieux et modernes présents dans l’art de William Turner dix ans auparavant même s’il innove avec ses thèmes associant la chute de grands empires et ses vastes espaces architecturaux. Il est à l’image de l’excentrisme anglais avec ce sentiment téméraire du prodigieux, de l’excessif et de l’immensité matérielle.

William Turner, L’Incendie de la Chambre des Lords et des Communes, 1835, 92 X 123 cm, Philadelphia Museum of Art, Philadelphie

Il sert donc de référence comme dans la critique de Huysman qui compare la tour Eiffel qu’il juge frêle et mesquine, préférant de puissantes constructions comme celles inventées par John Martin. Ou encore Michelet, grand admirateur de John Martin qui écrit à propos de l’artiste qu’il est “le prophète de l’architecture”, qu’il symbolise à la fois les multitudes et le gigantisme architectural de l’Angleterre.

Charles X, à qui John Martin dédie La Chute de Ninive, honore l’artiste en lui décernant un prix en 1829 grâce à ses gravures Josué commandant au soleil de s’arrêter sur Gibeon, le Déluge et Le festin de Balthazar. Louis-Napoléon veut même lui décerner la légion d’honneur et qu’il devienne membre de l’Institut.

John Martin, La Chute de Ninive, 1829
John Martin, Josué commandant au soleil de s’arrêter sur Gibeon, 1816, Centre d’art britannique de Yale
John Martin, Le déluge, 1834, Centre d’art
britannique de Yale

En 1850 il obtient une réputation universelle même si celle-ci sera contestée par les critiques d’art. Bürger écrit

«Martin a fait parler de lui dans toute l’Europe et c’est peut-être de tous les peintres anglais, celui qui fut le plus renommé sur le continent ».

M.W. Bürger, École Anglaise, 1863, « John Martin », p. 1

b) La représentation d’une future Édimbourg à l’image de Babylone

William Miller d’après GF Sargent, Gravure du château d’Edimbourg, 1832

John Martin s’est inspiré de l’un de ses voyages dans une région industrielle du Black Country.

Certains diront que le peintre aurait vu le symbole même de la région. L’industrie et le rendement détruit l’Homme c’est à dire les pauvres se font exploiter par les riches. Cela représente la destruction de Édimbourg qui fait partie des pays noirs.

« Édimbourg s’effondre ainsi que Calton Hill, Arthur’s Seat, et le Castle Rock qui tombent ensemble sur la vallée au milieu. »

STUCKEY, F. Charles, “FEAVER, William, The Art of John Martin”, in The Art
Bulletin
, vol. 58, n° 4, 1976, pp. 630-632.

La vision cauchemardesque de la fin du monde est renforcée par la vague destructrice sur la droite, emmenant avec elle la ville d’Édimbourg. Sa chute reflète la vision que porte John Martin sur le monde industriel et son futur proche. Toutes les découvertes scientifiques, physiques ou encore les théories philosophiques du siècle des Lumières tentant de prendre le dessus face à la Religion sont balayées par la colère de Dieu et de son éclair foudroyant les punissant.

On peut supposer que l’éruption volcanique en arrière plan permet le renouveau : la genèse qui est aussi le premier livre de la Bible. En effet une fois que toute trace de l’humanité aura disparu sous les montagnes, la lave recouvrira le tout, permettant à la nature de reprendre ses droits et dans la continuité de donner lieu à une nouvelle ère où tous les hommes seront égaux.

John Martin, La chute de Babylone, 1835, gravure

La destruction de Babylone est une métaphore possible de la représentation d’Édimbourg. Le verset dont on a parlé, traite des rois, des riches, et des esclaves : face à la mort la condition sociale est inexistante. Comme on peut le voir sur cette représentation de Babylone et dans l’histoire, il n’y a pas d’échappatoire :  des foules rassemblées où les humains glissent et disparaissent dans un gouffre qui s’ouvre au centre. Les hommes représentés sur cette peinture/gravure se confond au rocher qui tombe sur le côté gauche. On voit bien qu’il y a une similitude avec l’œuvre de John Martin. Les mortels doivent payer pour leurs erreurs et le jugement a sonné pour leurs morts. Les paroles du verset 16 peut être contradictoire avec l’attitude des personnages représentés. Après que le 7ème ange ait versé la coupe de la colère de Dieu.

« Il y eut des éclairs, des voix, des tonnerres, et un grand tremblement de terre, tel qu’il n’y avait jamais eu depuis que l’homme est sur la terre, un aussi grand tremblement. Et la grande ville fut divisée en trois parties, et les villes des nations tombèrent, et Dieu, se souvint de Babylone la grande, pour lui donner la coupe du vin de son ardente colère. Et toutes les îles s’enfuirent, et les montagnes ne furent pas retrouvées. »

STUCKEY, F. Charles, “FEAVER, William, The Art of John
Martin”
, in The Art Bulletin, vol. 58, n° 4, 1976, pp. 630-632.

Les fourmilières que fait pulluler Martin dans ses Babylones symbolisent le drame démographique de l’Angleterre : la pauvreté progresse avec une vitesse alarmante, le pays croule sous les rumeurs de révolution et la mortalité ne fait qu’augmenter. C’est une vision cauchemardesque qu’il a de son époque et qu’il retranscrit par une représentation biblique.

c) Une descente en enfer de l’artiste et un renouveau à l’image de son tableau

On pourrait aussi voir son œuvre comme une allégorie des 20 dernières années de sa vie où John Martin a vécu un déclin dans le monde de l’Art à partir de la fin des années 1830. La vente de ses impressions se réduisent, les commandes déclinent elles-aussi et ses plans pour restaurer Londres en tant qu’ingénieur ne verrons jamais le jour. Il se fait critiquer par les salons auxquels il avait pour habitude de participer. Par ailleurs lorsqu’il expose Le Déluge au Louvre en 1834, Théophile Gautier, que l’on compte pourtant comme l’un de ses grands admirateurs, exprime sa déplaisance envers la peinture de John Martin qu’il juge mauvaise, il le préfère en tant que graveur. Qui plus est, beaucoup de critiques définissent son art comme trop théâtral, juste là pour plaire au grand public et qu’il ne se range pas dans le domaine du “grand art”.

John Martin, Le déluge, 1834, Centre d’art
britannique de Yale

Cependant John Martin sera de nouveau reconnu après sa mort, ses œuvres connaîtront le succès à travers diverses expositions dans le monde entier.

Conclusion

Le Grand Jour de Sa Colère est une nouvelle interprétation de l’Apocalypse. Édimbourg y est représentée telle Babylone, sa chute fut une grande source d’inspiration pour John Martin qui personnifie alors dans son tableau la destruction d’une Angleterre industrielle. A posteriori, nous pouvons même calquer son œuvre sur sa vie : respecté de tous au début de sa carrière, il perd de sa crédibilité avant d’être redécouvert et apprécié de nouveau après sa mort.

Bibliographie

Sources :

BÜRGER, M.W., École Anglaise, Paris, Mme Veuve Jules Renouard, 1863.

GAUTIER, Théophile, Le Festin de Balthazar, 1837.

Ouvrages :

BURKE, Edmund, Recherche philosophique sur l’origine de nos idées du sublime et du beau, Paris, J. Vrin, Sciences de l’homme, 1973.

FEAVER, William, The art of John Martin, Oxford, Clarendon Press, 1975.

SEZNEC, Jean, John Martin en France, Londres, Faber and Faber, 1964.

Catalogues d’exposition :

John Martin : Apocalypse, Martin Myrone , Tate Britain, Abrams ed, (cat. expo. Londres, Tate Britain, 21 septembre-15 janvier 2012), Londres, 2011.

John Martin,  1789-1854 : artist,  reformer, engineer, William Feaver, Nerys Johnson, The Gallery ed, (cat. expo. Newcastle upon Tyne, Laing Art Gallery, 3 octobre-1er novembre 1970), Newcastle upon Tyne, 1970.

Article :

STUCKEY, F. Charles, “FEAVER, William, The Art of John Martin”, The Art Bulletin, 1976, tome 58 n° 4, p. 630-632.

Webographie :

Le Monde, Le Monde Art : La Fin d’un monde, 4 août 2015,

[https://www.lemonde.fr/arts/article/2015/07/23/la-fin-d-un-monde_4695553_1655012.html]

consulté le 14 octobre 2018.

La Tribune de l’Art, Expositions : John Martin. Apocalypse, 6 décembre 2011,

[https://www.latribunedelart.com/john-martin-apocalypse]

consulté le 14 octobre 2018.

Tate, The Art of the Sublime : The Great Day of His Wrath,

[https://www.tate.org.uk/art/research-publications/the-sublime/john-martin-the-great-day-of-his-wrath-r1105619]

consulté le 14 octobre 2018.

Inesguide, Le Grand Jour de Sa Colère, John Martin, 24 mars 2015,

[http://www.inesguide.fr/pages/mes-exposes/xix/le-grand-jour-de-sa-colere-john-martin.html]

consulté le 15 octobre 2018.

London review of books, At Tate Britain : Peter Campbell, 20 octobre 2011,

[https://www.lrb.co.uk/v33/n20/peter-campbell/at-tate-britain]

consulté le 15 octobre 2018.

Poésie Française, Victor Hugo : Le Feu du Ciel,

[https://www.poesie-francaise.fr/victor-hugo/poeme-le-feu-du-ciel.php]

consulté le 15 octobre 2018.

The World of John Martin, Welcome to the world of John Martin K.L.,

[http://www.wojm.org.uk/]

consulté le 16 octobre 2018.

Dossier d’analyse réalisé dans le cadre du cours encadré par Madame Lilie Fauriac (2018).

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